Pour mieux comprendre certains aspects du Reiki, notamment les GOKAI, il est judicieux de considérer l’arrière-plan culturel et spirituel dans lequel Mikao Usui a évolué. Bien que nous ne possédions aucun document formel attestant de ses influences précises, certaines similitudes avec le shintoïsme, le taoïsme et surtout le bouddhisme (notamment tantrique) permettent de poser un regard enrichi sur son enseignement.
Dans cette optique, les cinq préceptes du Reiki (GOKAI) peuvent être explorés à la lumière de la psychologie tibétaine, notamment en les mettant en parallèle avec les cinq émotions racines, les cinq éléments et les cinq Bouddhas de sagesse. Cette grille de lecture n’est pas une vérité dogmatique, mais une invitation à une introspection plus profonde et universelle.
Sommaire de l’article
- Les Gokai selon le Bouddhisme tibétain
- Les 5 Bouddhas : divinités ou qualités de l’esprit ?
- Un système de correspondance vivant
- Gokai et transformation des émotions
- Conclusion
Les Gokai selon le Bouddhisme tibétain
Le bouddhisme recèle de nombreux enseignements permettant de mieux comprendre le fonctionnement de notre esprit et l’impact des émotions sur notre santé mentale et physique. La philosophie tibétaine s’articule autour du principe des 5 éléments, chacun étant l’expression d’une émotion racine. Il devient alors pertinent d’y associer les 5 préceptes enseignés dans le Reiki :
- « Pas de colère » : la colère associée à l’élément de l’eau.
- « Pas de soucis » : l’orgueil associé à l’élément de la terre.
- « De la gratitude » : la jalousie associée à l’élément de l’air.
- « Du dur labeur » : l’ignorance associée à l’élément de l’espace.
- « De la bienveillance » : le désir-attachement associé à l’élément du feu.
Dans la tradition tibétaine, les cinq émotions racines possèdent un antidote : les cinq Bouddhas de sagesse. Souvent présentés comme des divinités, ces êtres éveillés incarnent les grandes qualités de notre esprit, nous permettant de transformer les causes du mal-être et de la souffrance.
Les 5 Bouddhas : divinités ou qualités de l’esprit ?
Le terme « divinités » n’a pas la même signification dans la culture bouddhiste que dans la pensée occidentale. Il ne s’agit pas de dieux extérieurs, mais de représentations symboliques illustrant notre monde intérieur. On peut donc les considérer comme des archétypes ou des expressions de nos ressources fondamentales.
Voici quelques repères pour une lecture facilitée :
- Bouddha : Être humain ayant transcendé la souffrance et le cycle des renaissances.
- Divinité : Manifestation d’une qualité d’esprit présentes chez l’être humain.
- Démon : Émotion conflictuelle ou négative. Un démon, incarne tout ce qui entrave la libération, il ne s’agit nullement de fantômes, mauvais esprits ou serviteurs de Satan.
- Voiles de l’esprit : L’ego, ses constructions et ses moyens d’actions.
- Bonheur : Absence de souffrance.
- Nature de l’esprit : Esprit pur, libéré de l’ego et de sa souffrance.
- Qualités de l’esprit : Les remèdes naturelles permettant de transformer la souffrance ou les solutions face aux émotions perturbatrices.
- Les 5 Bouddhas : Cinq archétypes pédagogiques incarnant les qualités que l’être humain possède dans son esprit.
Un système de correspondance vivant
La pédagogie issue des 5 Bouddhas forme un modèle fondamental du bouddhisme tantrique. Elle s’exprime dans la méditation, les rituels, les pratiques énergétiques et la thérapeutique tibétaine. Ce système présente des variations selon les lignées, les tantras, ou les courants (comme le Bön). Ce dynamisme reflète l’impermanence chère au bouddhisme, et peut parfois dérouter les débutants, comme ce fut mon cas.
Pour simplifier la lecture, voici un tableau récapitulatif :

Gokai et transformation des émotions
Selon la psychologie tantrique, toute émotion non reconnue et non transformée conduit à la souffrance. Les cinq émotions racines engendrent 84 000 états conflictuels, mais chacune contient en germe une sagesse transformatrice. En ce sens, les émotions ne sont pas à rejeter, mais à métaboliser.

Cette lecture invite à voir les GOKAI non comme des commandements moraux, mais comme des pratiques vivantes de transformation intérieure. Pour illustrer cela, prenons l’exemple du second GOKAI : Juste pour aujourd’hui, pas de soucis.
L’émotion racine associée est l’orgueil, en lien avec l’élément terre. Selon les enseignements de Khandro Déchen et Ngak’chang Rinpoché (« Étreindre nos émotions et le chemin spirituel »), l’orgueil émerge souvent d’un sentiment d’insignifiance. Pour masquer ce vide intérieur, l’individu cherche à accumuler (pouvoir, reconnaissance, possessions), mais finit par nourrir anxiété, apathie ou arrogance. La peur de ne pas être « assez » devient centrale.
Le précepte « pas de soucis » devient ici une invitation à reconnaître la richesse intérieure, sans besoin de comparaison ni de justification extérieure. Il porte en lui les messages suivants :
- Pas d’inquiétude face à l’avenir.
- Pas de peur de manquer.
- Pas besoin de remplir le vide par des illusions.
- Pas de hiérarchisation entre les êtres.
En intégrant ce GOKAI, on cultive peu à peu l’antidote : l’équanimité. C’est-à-dire une stabilité intérieure, une reconnaissance de notre valeur fondamentale, et une bienveillance équanime envers soi et les autres.
Conclusion
En proposant une lecture tantrique (bouddhisme tibétain) des GOKAI, nous découvrons un langage symbolique puissant, capable de nous guider sur le chemin de la transformation intérieure. Cette interprétation n’a pas vocation à remplacer d’autres approches, mais à enrichir notre compréhension et notre pratique. C’est une invitation à relier les sagesses anciennes aux défis contemporains, pour faire du Reiki un véritable art de vivre conscient et lumineux.