Le mot magnétisme revient souvent dans le monde du bien-être et des thérapies énergétiques. Pourtant, il n’est pas rare de se perdre face à la multitude de définitions qui lui sont associées. Derrière ce terme se cachent en réalité plusieurs courants, hérités d’une longue histoire où le langage a beaucoup évolué.
Le plus souvent, lorsque l’on parle de « magnétisme », on désigne ce que l’on appelait autrefois magnétisme animal ou mesmérisme, du nom de Franz Anton Mesmer, qui fut l’un des premiers à en poser les bases. Depuis, cette pratique a connu de nombreuses déclinaisons et appellations : fluide vital, fluide éthérique, magnétisme curatif, bio-magnétisme, champ magnétique humain… autant de termes qui traduisent une même réalité énergétique, mais selon les sensibilités, les époques et les écoles.
Ce foisonnement peut sembler déstabilisant, mais il témoigne aussi de la richesse et de l’universalité de cette approche. Pour mieux comprendre ce qu’est réellement le magnétisme, il est essentiel de revenir sur son histoire, sa définition, ses figures marquantes, ainsi que sur sa manière d’aborder la santé et la maladie. Enfin, nous verrons aussi ce qui ne relève pas du magnétisme traditionnel, afin de clarifier certaines idées reçues.
Sommaire de l’article
- Petite histoire sur le magnétisme
- Comment définir le magnétisme ?
- Les grandes figures du magnétisme
- Le magnétisme dans les cultures et traditions du monde
- Origine de la maladie selon Mesmer
- Ce qui ne relève pas d’une séance de magnétisme traditionnel
Petite histoire du magnétisme
L’origine du mot magnétisme demeure parfois floue. Toutefois, on attribue généralement sa première utilisation à Paracelse (1493 – 1541), alchimiste, astrologue et médecin suisse. Figure atypique de la Renaissance, il s’intéressait autant à la psychologie et à l’énergétique qu’à l’occultisme et à l’ésotérisme — entendu ici dans son sens noble : la science du sacré. Pour lui, le magnétisme désignait la faculté de déclencher une action curative en reliant les propriétés « radioactives » de l’organisme humain à celles d’aimants placés sur le corps.
Un peu plus tard, au XVIIIᵉ siècle, le médecin allemand Franz Anton Mesmer (1734 – 1815) marqua profondément l’histoire du magnétisme. Animé par le désir de donner une dimension rationnelle à des phénomènes jugés abstraits ou irrationnels, il élabora la théorie du magnétisme animal, ou mesmérisme. Contrairement au magnétisme minéral lié aux aimants, Mesmer affirmait l’existence d’un fluide vital universel circulant en tout être vivant, et dont il serait possible de tirer parti à des fins thérapeutiques.
À travers ses recherches, Mesmer posa les bases d’une discipline nouvelle — parfois qualifiée de pseudo-science par ses détracteurs — dont l’objectif était l’étude et l’usage de ce fluide vital naturel. Son influence fut telle que, des siècles plus tard, on continue d’associer son nom à la pratique du magnétisme.
Comment définir le magnétisme ?
« Le mot magnétisme vient du grec magnes, qui signifie « aimant ». Dès l’origine, le terme évoque donc une force d’attraction invisible. Mais au fil du temps, ses définitions se sont multipliées, reflétant à la fois des réalités physiques, symboliques et thérapeutiques.
Les définitions classiques
Dictionnaire Larousse :
- Ensemble des phénomènes que présentent les matériaux aimantés.
- Attrait puissant et mystérieux exercé par quelqu’un sur son entourage.
- Magnétisme animal : propriété occulte du corps animal qui le rendrait réceptif à l’influence des corps célestes et à celle des corps qui l’environnent, de même qu’il exercerait la sienne sur ces derniers.
Dictionnaire Littré :
- En physique : cause qui donne à un aimant naturel ou artificiel convenablement suspendu la propriété de se diriger d’un côté vers le pôle nord, de l’autre vers le pôle sud, d’attirer par sa partie tournée vers le nord la partie d’un autre aimant qui regarde le midi, et de repousser au contraire le côté boréal de ce dernier aimant ; cette propriété, qui appartient au fer, au cobalt et au nickel, a été rattachée, dans ces derniers temps, aux phénomènes électriques. Magnétisme de la terre, du globe, effets magnétiques développés par la terre.
- Terme par lequel certains médecins alchimistes désignaient une espèce de sympathie occulte.
- Magnétisme animal : système de pratiques à l’aide desquelles on produit sur le corps humain des phénomènes insolites, comparés dans l’origine à ceux qui caractérisent l’aimant
Ces définitions montrent déjà deux dimensions majeures :
- Le magnétisme physique ou minéral : lié aux aimants, au fer, au cobalt, au nickel et étudié en physique.
- Le magnétisme animal ou vital : une force subtile, immatérielle, qui concerne le vivant et dont l’être humain serait porteur.
Le magnétisme animal ou humain
Franz Anton Mesmer, au XVIIIᵉ siècle, parlait d’un fluide vital universel qui imprègne l’homme et son environnement. Selon lui, chacun peut en capter, concentrer et transmettre les effets par sa volonté, dans un but thérapeutique.
Ainsi, on peut définir le magnétisme comme : un agent de force vitale qui soutient la santé, active les processus naturels de guérison et anime la vie. Cependant, pour Mag Thévenin, élève de l’école pratique de magnétisme de Hector et Henri Durville, « le magnétisme en lui-même n’a aucune propriété thérapeutique et n’intervient que comme un agent équilibrant de l’organisme ». C’est par l’entremise du magnétiseur et de sa volonté que celui-ci pourra agir sur l’état vibratoire du consultant, et ainsi modifier son état.
Aujourd’hui, le terme « énergie » est souvent préféré à « magnétisme », mais il désigne la même réalité.
Une approche scientifique du magnétisme thérapeutique
Au XXᵉ siècle, certains scientifiques ont tenté d’en donner une description plus « rationnelle ». C’est le cas du professeur L. Desrobert, cité par J.L. Bartoli dans son livre « se guérir entre les mains d’un magnétiseur ». Dans un rapport daté du 11 mai 1956, il écrit :
« Le magnétisme est un agent physique d’une espèce particulière, source de vie des organes et des cellules. Il peut être transmis à ceux qui sont malades par l’intermédiaire d’un magnétiseur qui en est surchargé. Le magnétiseur joue alors le rôle d’accumulateur : le fluide, passant au travers de ses doigts et de ses mains, pénètre dans l’organisme du malade, tout comme pénètrent le courant électrique, les rayons X, les radiations lumineuses ou les ultrasons. »
Quelques années plus tard, en mai 1959, il précise encore :
« Le magnétisme consiste à faire pénétrer dans un organisme dévitalisé et en déséquilibre un fluide doté de propriétés vitales et magnétiques. »
Selon lui, un magnétiseur — disposant d’un excédent de fluide — peut le transmettre à une personne en manque de vitalité. Il rapproche même cette action d’autres agents thérapeutiques physiques comme les rayons X, l’électricité ou les ondes sonores.
Il conclut que :
- la pénétration de ce fluide dans l’organisme peut faire disparaître les troubles.
- la thérapie magnétique repose sur un ensemble de manœuvres (passes, projections, impositions) visant à améliorer ou guérir un état pathologique.
Les grandes figures du magnétisme
L’histoire du magnétisme ne s’est pas écrite en un jour. Elle s’est construite grâce à des hommes qui, chacun à leur manière, ont contribué à développer, transmettre et faire connaître cette pratique. Voici quelques-unes des figures marquantes :
Franz Anton Mesmer (1734 – 1815)
Médecin allemand et véritable fondateur du magnétisme animal, il est le premier à théoriser l’existence d’un fluide vital universel. Ses pratiques, souvent spectaculaires, marquèrent l’Europe du XVIIIᵉ siècle et donnèrent naissance à ce que l’on appelle le mesmérisme.
Le marquis de Puységur (1751 – 1825)
Disciple de Mesmer, il introduisit la notion de magnétisme somnambulique. Ses expériences mirent en évidence des états modifiés de conscience, proches de ce que l’on nommera plus tard l’hypnose.
Joseph Philippe François Deleuze (1753 – 1835)
Naturaliste et bibliothécaire du Jardin des Plantes, il fut un ardent défenseur du magnétisme et contribua à le vulgariser auprès d’un public cultivé. Ses écrits donnèrent une légitimité intellectuelle à la pratique.
Le Baron du Potet de Sennevoy (1796 – 1881)
L’un des plus célèbres magnétiseurs du XIXᵉ siècle. Par ses démonstrations et son rayonnement à Paris, il participa à populariser le magnétisme en France, tout en l’ancrant comme une pratique sérieuse et structurée.
Hector Durville (1849 – 1923)
Fondateur de la première école de magnétisme à Paris, il forma de nombreux élèves et donna au magnétisme une véritable organisation pédagogique.
Henri et Gaston Durville
Fils d’Hector Durville, ils poursuivirent l’œuvre de leur père. Ils contribuèrent à diffuser le magnétisme et les sciences psychiques en publiant de nombreux ouvrages et en organisant des formations.
Paul-Clément Jagot (1889 – 1962)
Écrivain et enseignant, il vulgarisa le magnétisme, l’occultisme et la pensée positive à travers ses nombreux livres. Il permit de rapprocher le magnétisme des courants ésotériques et psychologiques du XXᵉ siècle.
Le magnétisme dans les cultures et traditions du monde
L’art du magnétisme ne date pas d’hier : il plonge ses racines dans la nuit des temps. Partout dans le monde, les cultures et traditions ont cherché à comprendre et à nommer cette force invisible, principe vital qui anime la vie.
Dans les civilisations antiques :
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Égypte antique : on retrouve la notion de Ka, principe vital qui circule dans tout être vivant. Certains bas-reliefs montrent des pratiques d’imposition des mains. Le Livre des Morts rapporte cette invocation : « Je place les mains sur toi, Osiris, pour ton bien, pour te faire vivre. » Une phrase qui résonne avec la pratique magnétique.
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Grèce antique : les pythagoriciens reconnaissaient l’existence d’un fluide subtil qui reliait les corps et permettait leurs interactions. Cette vision annonce déjà les théories d’un champ énergétique universel.
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Rome : certaines thérapies étaient pratiquées dans les temples, notamment par le biais de massages et de techniques induisant un état proche du sommeil. On retrouve là un procédé apparenté au sommeil magnétique.
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France : entre le 11ème et le 19ème siècles, les rois étaient considérés comme des thaumaturges. Par simple imposition des mains, ils étaient réputés guérir certaines maladies, comme les écrouelles (abcès ganglionnaires).
Les équivalents du fluide vital dans le monde :
Au-delà des civilisations occidentales, de nombreuses traditions ont décrit ce même principe vital sous des noms différents :
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Le Chi (Qi) de la médecine traditionnelle chinoise.
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Le Prana de l’hindouisme et de l’Ayurveda.
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Le Ki dans la tradition japonaise.
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Le Pneuma, souffle de vie de la tradition grecque et chrétienne.
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Le Mana, force spirituelle et vitale des Polynésiens.
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Le bLa, énergie vitale et spirituelle de la tradition tibétaine.
Et bien d’autres encore, toutes témoignant d’une intuition universelle : la vie est animée par une énergie subtile, invisible, mais perceptible.
La maladie selon le magnétisme de Mesmer
Selon Franz Anton Mesmer, l’univers est traversé par un fluide subtil et universel. Ce fluide agit comme un intermédiaire : il relie l’homme à la Terre, aux astres, mais aussi aux autres êtres humains. Cette conception met en lumière une idée essentielle : rien n’est séparé, tout est en relation. L’homme n’est donc pas isolé de lui-même, ni de son environnement, mais intégré dans un vaste réseau d’échanges vibratoires.
C’est cette vision d’interconnexion qui permet de dépasser certaines peurs ou croyances limitantes apparues avec le temps, aussi bien chez certains magnétiseurs que chez leurs détracteurs. Car le magnétisme animal repose avant tout sur une compréhension subtile des liens qui unissent la vie.
La maladie comme déséquilibre du fluide vital
Admettant l’existence de ce fluide universel, Mesmer considérait que la maladie naît d’une mauvaise répartition ou d’un blocage de ce fluide dans le corps humain. Ce déséquilibre perturbe la circulation de la force vitale et finit par créer une « distorsion » nuisible à l’harmonie, à l’équilibre et aux besoins fondamentaux de l’organisme.
En d’autres termes :
- quand le fluide circule librement → la santé et l’harmonie se maintiennent.
- quand le fluide stagne ou se dérègle → la maladie se manifeste.
Le rôle du magnétiseur
Le magnétiseur, par des gestes spécifiques (passes, impositions…), agit comme un catalyseur. Grâce à son rayonnement personnel (et non par une « transfusion » de sa propre énergie), il aide à :
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libérer les blocages et nocivités,
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rétablir une meilleure circulation du fluide,
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renforcer la vitalité de la personne.
Peu à peu, le corps retrouve alors sa capacité naturelle à préserver la santé, l’harmonie et l’équilibre vital.
Ce qui n’appartient pas au magnétisme traditionnel
Au fil des siècles, le magnétisme a souvent été confondu avec des pratiques ou croyances qui n’ont rien à voir avec son essence. Cette confusion a parfois brouillé son image, alimenté des dérives, ou nourri des idées reçues. Il est donc essentiel de rappeler ce qui ne fait pas partie du magnétisme animal tel que défini par Mesmer et ses successeurs.
Prières et invocations
Le magnétisme ne repose pas sur des prières, invocations ou rites religieux. Là où certains guérisseurs emploient la prière pour « barrer le feu » ou soulager des douleurs, le magnétiseur agit simplement par ses mains et des procédés énergétiques. Aucune adhésion à un folklore spirituel n’est requise. Tout du moins, certains magnétiseurs font appel à Dieu, à un saint ou un guide spirituel pour se mettre dans l’état d’esprit requis pour la magnétisation, et ainsi entretenir leur volonté de « guérir ». Si la foi semble faire bon ménage avec la pratique du magnétisme en suscitant les qualités nécessaires pour être un bon magnétiseur (confiance, sincérité, désintéressement, générosité), il est important de veiller à ce que cela ne se transforme pas en prosélytisme lors des consultations.
Voyance et messages des guides
La consultation de magnétisme n’a pas vocation à prédire l’avenir ni à transmettre des messages « venus d’ailleurs ». Ces pratiques peuvent être intrusives ou déroutantes pour le consultant. Le rôle du magnétiseur est d’apaiser et de rééquilibrer, non de « lire la bonne aventure ».
Mise en scène sensorielle
Bougies à profusion, encens ou musiques d’ambiance ne font pas partie du magnétisme traditionnel. Bien qu’ils puissent créer une atmosphère agréable, ces artifices risquent aussi de perturber le consultant (odeur oppressante, musique désagréable). L’essentiel reste d’offrir un cadre sobre et accueillant, centré sur la relation énergétique et non sur des stimuli pouvant conditionner l’expérience personnelle.
Magie, envoûtement et croyances spirituelles
Les thèmes de la magie, des entités ou des vies antérieures apparaissent parfois dans les consultations. Mais le magnétiseur ne doit pas les entretenir. Son rôle est d’accompagner sans projeter ses propres croyances ni renforcer une posture de fragilité. La neutralité et la réserve sont essentielles.
Dons, pouvoirs et hérédité
Contrairement aux idées reçues, le magnétisme n’est pas un « don » réservé à quelques élus, ni une faculté héréditaire. C’est une capacité naturelle présente en chacun de nous, liée à la vitalité même de l’être vivant. Le magnétiseur n’est pas un détenteur de pouvoirs, mais une personne qui a appris à canaliser et orienter cette énergie au service de l’autre.
Conclusion
Le magnétisme, tel que l’ont décrit Mesmer et ses successeurs, reste avant tout une pratique simple et universelle, fondée sur l’existence d’un fluide vital et sur la capacité de l’homme à le canaliser pour soutenir la santé. À travers les siècles, il a connu de multiples appellations, interprétations et parfois confusions. Mais son essence demeure : restaurer la circulation de la force vitale et rétablir l’harmonie.
Dans ma démarche de thérapeute, je m’inscris dans cette continuité tout en l’enrichissant des enseignements de la tradition tibétaine (Sowa Rigpa). À titre d’exemple, là où le magnétisme considère le système nerveux comme la pierre angulaire de la santé et de l’équilibre, la tradition tibétaine met en avant l’humeur vent (tib. rlung), en tant que principe vital lié au souffle, à la vitalité et aux nerfs. Ces deux visions, issues de cultures différentes, se rejoignent dans une même compréhension : c’est en apaisant et en rééquilibrant le système nerveux que l’on restaure la vitalité et l’harmonie de l’être.
Ma pratique du magnétisme se spécialise ainsi dans cette rencontre : celle d’un art énergétique universel et d’une tradition millénaire qui souhaite préserver l’équilibre du corps et de l’esprit en transmettant à chacun les clés de la santé et du bien-être.